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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/151

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bris de cette seconde flore, dont on retrouve encore à cette heure les feuilles et les tiges teintes en noir. Ce qui étonne le plus, c’est que ces espèces arborescentes, d’une force et d’une grandeur prodigieuse, ne sont plus représentées sur notre terre que par des plantes herbacées, aujourd’hui toutes basses et rampantes, surtout dans nos contrées froides. L’existence d’une atmosphère extrêmement favorable à la végétation explique seule ces excentricités dans le volume et dans la taille des plantes de la formation houillère Nées sur un sol encore stérile et chargé de peu de terreau, elles végétaient, comme nous l’avons dit, dans l’air, qui suffisait à les nourrir. Quel était alors l’état du globe ? Les montagnes qui forment aujourd’hui les principaux reliefs de la terre n’existaient pas ; un immense océan parsemé d’îles basses vaguait solitairement à la surface du monde nouveau-né. Les terres découvertes étaient envahies par une végétation dont nous n’avons plus d’exemples maintenant, même sous l’équateur, dans les îles les plus chaudes et les plus fécondes. Des palmiers inconnus dans la nature actuelle, de gigantesques fougères, haute comme les plus hauts arbres, de puissantes lycopodiacées, balançaient à la surface des eaux leurs larges feuilles et leurs étonnantes tiges. L’humidité et le calorique, les deux principes qui contribuent le mieux à la santé des plantes, s’entendaient pour enrichir ce premier vêtement de la terre, nouvellement sortie du fond des eaux. On peut, dans l’ordre de la nature, comparer cette saison géologique à celle du printemps. Comment ne pas se reporter avec mélancolie vers cet âge d’or de la créa-