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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/156

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qu’elle se soit jouée, dans son enfance, à construire des êtres imaginaires. L’icthiosaure présente un assemblage inouî de formes empruntées, undique collatis membris. Le même individu réunit le museau du marsouin, les dents du crocodile, la tête du lézard, les nageoires d’une baleine, et les vertèbres d’un poisson. Mais ce qui étonne encore davantage dans cet animal, où tout est extraordinaire, c’est l’énormité de son œil. Ce globe oculaire, dont le volume excède souvent la tête d’un homme, était une sorte de lanterne allumée qui traversait les flots pendant la nuit. Il vivait dans une mer qu’habitaient avec lui des poissons et de nombreux mollusques. Ce monstre, terminé par une queue longue et puissante, remontait souvent à la surface des eaux pour respirer l’air et pour jeter un regard infini sur l’Océan, puis il se replongeait aussitôt afin d’atteindre sa nourriture. Ses mâchoires devaient avoir une dilatation effrayante ; elles étaient en outre armées de dents nombreuses et aiguës. Sa voracité était en proportion de ses moyens d’attaque. La science, qui, non contente de rendre à la lumière ces animaux enfouis depuis des milliers de siècles, a encore introduit sa main dans leurs entrailles, a trouvé dans le ventre de l’icthiosaure des débris de poissons et de reptiles mal digérés. Ces animaux, tout en cavité intestinale, n’avaient souvent pas moins de trente pieds de longueur. Il n’y a pas moyen de douter que l’icthiosaure n’ait été Je premier tyran de la population marine, et l’un de ses plus redoutables fléaux. Quand ces hauts barons cuirassés d’écailles solides et imbriquées tombaient sur