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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/206

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guidé par ce reste odieux de barbarie qui conduisait les anciens aux combats d’animaux féroces, a plusieurs fois jeté des chats et de jeunes chiens dans les fosses occupées par les ours ; ces ours les regardent et ne leur font aucun mal : ce ne sont pas des ennemis dangereux. On voit donc que, pour ainsi dire, toute la nature s’humanise ; la barbarie des animaux eux-mêmes laisse tomber aux pieds de la civilisation son appétit féroce et ses joies sanguinaires.

Toutefois, il est juste de dire que cette victoire de l’homme sur le naturel destructeur des carnassiers est encore incomplète. Le petit nombre d’accidens arrivés au Jardin des Plantes deviendrait bientôt plus considérable, sans les précautions prises pour ôter à ces hôtes dangereux les moyens de sévir. On ne cite de mémoire de naturaliste qu’une seule évasion fameuse. Elle se rattache à des circonstances que nous croyons devoir rapporter. Le domestique annonça un jour à M. Geoffroy Saint-Hilaire la visite d’un lion accompagné de son gardien. Comme le savant était en train de se livrer à un détail de toilette, tondenti barba cadebat, son fils, aujourd’hui professeur de zoologie au Muséum, fut chargé de reconnaître l’envoi qui était fait. Ce lion était conduit, la corde au cou, par un inconnu qui, à son costume négligé, fut pris pour le valet de la bête. On proposa de transporter dans une cage le lion à la ménagerie. Cette précaution fut jugée inutile. L’inconnu répondit de la docilité de son élève. On marchait. Déjà l’escorte avait franchi la haie de treillage et de verdure qui