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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/257

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de ces animaux un obstacle à la domesticité ; mais, il faut le dire, qu’a fait l’homme pour adoucir les instincts de ces superbes ennemis et pour les gagner à son service ? Il les enferme dans d’incommodes cages de fer ; il les condamne à l’isolement et à l’ennui ; il applique sur eux ce sauvage régime cellulaire qui irrite chez nos semblables, les passions cruelles et vindicatives. Comment un traitement qui abrutit l’homme même pour lequel l’intelligence est un don primitif de la nature ne dégraderait-il pas l’animal, où il n’existe presque rien qui n’ait été mis par la main de l’homme ? Aussi les hôtes de nos ménageries perdent ils tous plus qu’ils ne gagnent à notre commerce ; ils contractent dans cette dure captivité l’habitude du sommeil, seule consolation du prisonnier, et s’engourdissent sous nos yeux au lieu de s’instruire. Je cherche encore ici dans l’homme le roi de la nature, et je ne rencontre que son geôlier.

Passons maintenant aux animaux domestiques. Il n’est plus besoin de gêne ni de contrainte : ces derniers ne se soumettent pas, ils obéissent ; leur liberté n’est pas enchaînée, elle s’est rendue. Dans le commerce assidu de l’être intelligent avec les espèces originairement sauvages, éclate ce pouvoir de seconde formation qui fait vraiment de l’homme sur la terre l’image de la divinité. Il grave partout sa main ; il imprime sur le type même de l’animal des caractères que la nature n’avait point prévus ; il le crée en quelque sorte de nouveau. Dans cette entreprise souveraine, l’homme s’est proposé différens buts, selon la nature des espèces qu’il soumettait à son autorité. Il