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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/263

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connu, suivi et aimé par un animal. C’est un empire, en effet, et qui plus est un empire moral, le seul en vérité dont l’homme puisse avoir le droit d’être fier. L’attrait étant à-la-fois plus noble et plus libéral que le besoin, il s’ensuit que les animaux inutiles sont précisément ceux auxquels nous avons le plus communiqué de notre influence, Les pays, les professions, les fortunes, ont ici marqué des différences infinies sur le moral et jusque sur la forme de ces êtres organisés. Les individus de telle espèce accessoire n’ont ni les mêmes habitudes, ni les mêmes goûts, qu’ils soient possédés par un homme ou par une femme. Ces derniers seront plus friands, plus casaniers, plus délicats, plus sensibles aux caresses et aux flatteries ; ils prendront, en un mot, le caractère de leur maîtresse. Les perroquets[1] de marquise, de lorette ou de dévote, qui vivent dans l’intimité du tête-à-tête, ont tous des mœurs assorties à leur condition. Le prodigieux succès du joli poème de Gresset, tient surtout au tact fin et délicat de l’auteur qui a su identifier son héros avec la nature des lieux dont Vert-Vert était l’élève.

Il faut le dire, cette éducation toute de luxe ou d’attrait se trouve jusqu’ici limitée à un très petit nombre d’espèces ; on peut donc la regarder comme de peu d’importance en fait, quoiqu’elle présage, selon nous, des conquêtes plus sérieuses pour notre

  1. La science ne regarde pas le perroquet comme un animal domestique ; ou est convenu de réserver ce titre aux espèces qui se reproduisent aisément sous la domination de l’homme. Il ne suffit pas, pour qu’un animal devienne domestique, de conquérir les individus, il faut encore conquérir la race. Cet oiseau étant très répandu et très familier, nous avons pu néanmoins nous en servir comme d’un terme de comparaison.