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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/267

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II. — Philosophie des chemins de fer. — Les animaux et les machines.


À droite et à gauche de la route, les maisons, les arbres, les nappes de verdure fuyaient, fuyaient comme dans un songe. Au milieu d’un pré, j’avisai des chevaux broutant çà et là les brins de trèfle et de sainfoin que l’automne, ce faux printemps, avait fait renaître. Les paisibles animaux relevèrent leur tête au bruit de la locomotive qui passait, et suivirent d’un œil grave la longue file de wagons en mouvement. ment. Je ne sais si je prêtai alors ma pensée à ces créatures privées de raison ; mais il me sembla les voir toutes saluer dans le cheval de vapeur, qui glissait au galop sur le rail-way, l’instrument de leurs loisirs et de leur délivrance. Ces chevaux en liberté, tondant l’herbe d’un pré, cette locomotive qui haletait dans sa course furieuse, tout cela me fit songer. Je réfléchis, durant le reste du trajet, à la grande question de l’inflμence de la vapeur sur la nature vivante, et bientôt un monde nouveau s’ouvrit devant moi, un monde dont je n’étais séparé que par le temps, cette limite qui fuit chaque jour et qui s’efface. Mon esprit se tournait à ces réflexions, quand le bruit et l’ardeur de la locomotive se ralentirent. Le hardi conducteur lui avait passé le frein entre les dents, pour retenir la fougue de son coursier emporte. L’animal (comment donner un autre nom à cette machine chine qui marche, qui respire et qui vit ?) s’arrêta, tout suant et tout soufflant, comme un cheval rompu