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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/269

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entre les vignes, tout cela reporta bien vite mon intérêt vers les animaux domestiques. Je n’avais d’ailleurs pas encore perdu de vue le chemin de fer au-dessus duquel fumait, de temps en temps, le passage d’un convoi.

L’histoire de nos conquêtes sur la nature nous a montré l’homme primitif luttant d’abord seul et au moyen de ses puissances musculaires contre les distances, les lois de la pesanteur et les autres obstacles matériels du globe. C’est le premier âge. Avec le temps, nous l’avons vu essayer sur quelques animaux l’action de la domesticité, et mettre à profit leurs services pour se soustraire lui-même aux travaux les plus pénibles. C’est le second âge. Après avoir ajouté à ses propres forces les forces auxiliaires du règne animal, l’homme s’applique enfin à y joindre la force des agens physiques et des machines. C’est le troisième âge, c’est celui dans lequel nous entrons. Aujourd’hui notre système de déplacement consistera de plus en plus à mouvoir la matière par la matière. Ces masses inertes, vis-à-vis desquelles l’infériorité de nos organes est évidente, dont les animaux même venus à notre secours, ne sauraient vaincre tout-à-fait la résistance, ces masses s’ébranlent devant notre volonté unie à la puissance disciplinée des élémens. Non contens d’avoir cherché notre principal moteur dans la nature vivante, nous le cherchons à présent dans la nature inanimée. L’homme travaille ainsi à se faire des alliés parmi ces mêmes forces qui semblaient d’abord destinées à l’asservir. C’est de cette dernière tendance que la machine à vapeur est sortie.