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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/279

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par s’assimiler en quelque sorte sous nos yeux, aux instrumens inertes dont ils agitent la pesanteur. Simples rouages d’un mouvement aveugle, toujours le même, ils obéissent à la main du charretier comme la locomotive à celle du mécanicien. Quelle distance de cet animal-machine au cheval de guerre ! Vivant dans la compagnie de son maître, qui en fait, pour ainsi dire, son frère d’armes, associé aux plus nobles intérêts du genre humain, rompu chaque jour à des exercices multipliés, le cheval militaire prend dans ce commerce familier les habitudes de l’homme, ses passions, son courage.

Les poëtes anciens ont revêtu ces faits d’un langage figuré. Tantôt ils nous représentent le caractère du cheval guerrier sous les traits d’un combattant qui attend le signal de la mêlée ; au son bruyant de la trompette, il dit : « Vah ! Vah ! » Il flaire de loin la bataille, le tonnerre des chefs, et le cri du triomphe. Job s’arrête à ces traits, qui sont en rapport avec les mœurs farouches d’un peuple errant et belliqueux, c’est le portrait du cheval arabe. Fils d’une civilisation plus avancée, Virgile va plus loin encore ; il prête à ce noble animal le sentiment ; ému, il l’associe au deuil et à l’émotion générale de l’armée !

Post bellator equus, positis insignibus, Œthon
It lacrymaux, guttisque humectat grandibus ora.

C’est de la poésie, dira-t-on ; — soit, mais cette poésie ne fait ici que retracer le dessein constant que l’homme s’est proposé dans éducation des animaux