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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/339

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négligé, refusé par les sociétés savantes, inquiet de l’avenir de sa découverte, abreuvé de jours et d’enuuis amers, dégoûté, seul. Le docteur Spurzheim s’était séparé de son maître sur quelques difficultés délicates. Il en est des amitiés scientifiques comme amitiés littéraires, tous ces mariages d’intelligence finissent presque toujours par un divorce. Gall éprouva de cette séparation plus de tristesse réelle que dans son orgueil de savant il ne voulut en laisser paraître. Il drapa sa douleur sous le dédain et le silence. A peine lui échappait-il de temps en temps, sur son ancien ami, quelques reproches : « Hélas ! disait-il sur un ton de mélancolie hautaine, et lui aussi, il m’a abandonné ! » Mais cette mésintelligence était sans remède, car elle prenait sa source plus haut même que l’amour-propre, dans une différence de point de vue. Il y eut pourtant entre eux un dernier retour à l’attachement de leurs premières années. Un rapprochement fut essayé entre Gall et Spurzheim. Sur le bord de l’autre vie, Gall voulut dire adieu à son ancien élèves : Spurzheim vint pour se jeter dans les bras de son maître. Il était trop tard : les médecins qui veillaient autour de l’auguste malade craignirent pour lui l’effet d’une émotion trop pénétrante. Spurzheim attristé se retira. Si la réconciliation ne fut pas un fait accompli matériellement, elle eut du moins lieu dans le cœur des deux anciens amis.

Le plus attaché de ses disciples, et un, des plus remarquables, le docteur Fossati, lui ferma les yeux pour l’éternel sommeil. Gall était mort à Montrouge dans sa maison de campagne. Sa femme, et quelques