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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/391

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bord aux animaux, ces naïfs enfans de la bonne nature, qui n’ont aucun intérêt à tromper. Que vit-il ? Des oiseaux chanteurs, élevés à dessein dans un nid d’oiseaux muets, isolés avec soin de toute éducation musicale quelconque, se prenaient, un beau jour, à faire des roulades fort longues, dès que l’âge avait développé les forces vocales de leur gosier. Ces petits êtres avaient donc la musique en eux-mêmes. Gall remonta des animaux aux hommes. Même cause, mêmes résultats. Plusieurs musiciens de son temps avaient deviné, comme les oiseaux chanteurs, des accords que leurs oreilles n’avaient jamais entendus. À peine Haendel eut-il commencé à parler, qu’il essaya de composer des airs. Son père éloigna de la maison tous les instrumens de musique, mais l’enfant trouva moyen de s’exercer à cet art sans maître et sans instrumens. De tels exemples ne sont pas rares. On nous racontait dernièrement l’histoire d’un enfant champenois qui, tourmenté par l’instinct de la musique, et n’ayant autour de lui aucune occasion de le satisfaire, imagina tout seul d’improviser un instrument avec son sabot sur l’ouverture duquel il tendit des cordes sonores. L’enfant s’apprit de la sorte à jouer du violon sans autre maître que la nature, et devint un ménétrier fort renommé dans le pays. — Les autres arts se révèlent de même par une sorte de seconde vue. Nous avons connu un enfant d’ouvrier qui, avant de savoir marcher, figurait des bons hommes sur une table avec son doigt mouillé de salive. Cette disposition grandit avec l’âge : sans avoir jamais fréquenté aucune école, il inventa de lui-