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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/65

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main, dit le député, demain je parlerai à la Convention nationale de la gloire française qui éclate en vous, et de ce qu’un si grand mérite doit attendre de la munificence publique. — Les années du vieillard, répliqua Daubenton, règlent sa destinée ; veuillez plutôt servir l’établissement où j’ai passé cinquante ans de paix et de bonheur. » C’est conformément à ce vœu que Lakanal fit proclamer le lendemain, par l’organe de la Convention, le Jardin des Plantes Muséum d’histoire naturelle. Ce nouveau titre, en agrandissant les destinées de l’établissement, ne faisait qu’appliquer les vues générales de Buffon sur la science. Introduire l’unité dans l’histoire de la nature, fonder un établissement qui serait une réduction du globe et de ses habitans, tel fut le dessein philosophique qui présida au décret de la convention. C’était, comme on voit, le génie de Buffon, ce génie égal à la nature, naturam amplectitur omnem, qui arrivait, après sa mort, à se formuler dans un acte législatif. À dater de ce jour, l’établissement assista, comme nous l’avons dit, à une seconde naissance. Lakanal n’abandonna point son enfant au berceau. L’intérêt qu’il portait au Muséum d’histoire naturelle était si vif qu’il choisit pour y habiter une petite maison située à côté du Jardin des Plantes. Ses confrères ne partageaient pas tous ses bonnes intentions pour le siège de la science. Il ne faut pas oublier que nous sommes en 93. L’ancienne organisation monarchique de l’établissement, son vieux nom de Jardin royal des Plantes, mal effacé par son nouveau titre, tout contribuait à entretenir contre lui des préjugés aveugles. Ces préju-