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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/83

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le soir parmi les ruines de la Bastille, il suivait la trace visible des événemens sur ce terrain foulé par la colère du peuple. L’agitation de son âme répondait à l’agitation de la France. La voix de la philosophie du dernier siècle était venue le trouver dans le silence de ses études ; Étienne Geoffroy n’hésita pas à la suivre. Dès ce moment il se trouva porté dans le cercle de la science, mais non toutefois à la place où nos yeux sont accoutumés de le rencontrer : cet homme illustre, qui, d’après ses travaux et d’après le tour de son génie, semble né zoologiste, commença par se livrer à la minéralogie.

Une circonstance se présenta de montrer la noblesse et la chaleur de ses sentimens. Haüy, l’abbé Haüy, comme on disait alors, son premier maître dans les sciences naturelles, avait été incarcéré à la suite des événemens du mois d’aoùt 1792 ; la justice, dans les temps de révolution, est tellement ombrageuse et expéditive, qu’il y avait sujet de craindre pour les jours de ce savant, si une main, bien jeune encore, ne l’eût suivi dans son désastre. Frappé de cette nouvelle, Étienne Geoffroy s’alarme, et s’emploie avec tant d’ardeur pour son ami, qu’il réussit à le tirer de prison. On tremble pour le sort de ce maître distingué, et on en aime d’autant plus son jeune libérateur, quand on songe que les jours suivans étaient les 2 et 3 septembre.

Haüy sauvé, il restait encore au séminaire de Saint-Firmin plusieurs ecclésiastiques, attachés comme professeurs au collège de Navarre. Le courage, la bonté d’Étienne Geoffroy étaient infatigables : il tente de