Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/137

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cueillir les sentimens de leur gratitude ou leurs malédictions.

Quelques personnes avoient craint que notre projet ne fût contradictoire aux Prophétiens, qui dévouent les Juifs à l’opprobre : elles se sont rassurées par les considérations suivantes. Les oracles qui annoncent la désolation d’Israël, montrent dans le lointain l’instant qui doit la terminer ; & quand même avant cette époque nous allégerions les fers de ce peuple, il seroit également sans sceptre & sans autel. Sans autel, car en accordant aux Juifs la liberté de conscience, nous ne leur rendrons pas le temple de Jérusalem ; sans sceptre, on s’en doute bien, nous ne verrons pas de Juifs ceindre le diadème, & en leur accordant une terre de Gessen, nous n’irons pas choisir nos Pharaons chez eux.

N’essayons donc pas de rendre la religion complice d’une dureté qu’elle réprouve ; en prédisant les malheurs de la nation juive, l’Éternel n’a pas prétendu justifier les barbaries des autres ; & si en qualité d’instrumens de sa vengeance, pour accomplir les prophéties, nous nous prétendions innocens, on auroit bientôt justifié la trahison de Judas. Nous n’avons pas comme Julien, le projet sacrilege de donner un démenti à la Divinité : & si l’heure n’est pas encore venue de ramener les Juifs