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Page:Estève - Leconte de Lisle, Boivin.djvu/55

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LES DÉBUTS LITTÉRAIRES

cratie Pacifique que par un ou deux comptes rendus de théâtre et par des nouvelles qui sont fort intéressantes, mais qu’il serait trop long d’analyser ici. Elles sont faites avec ses souvenirs de toute sorte souvenirs de son enfance à Bourbon, souvenirs de sa courte escale au Cap de Bonne-Espérance, souvenirs de ses lectures de Rennes, souvenirs d’Hoffmann et de Jean-Paul, souvenirs de Balzac et de Musset le tout dans le plus pur goût romantique d’après 1830. À La Phalange, il réserve ses vers. Ce sont de longues pièces en alexandrins à rimes plates, amples, oratoires, tout à fait dans le ton et dans l’esprit de ces poèmes sur La Gloire et le Siècle ou sur Lélia dans la solitude, qu’il insérait jadis dans La Variété. L’inspiration s’en accorde avec les sentiments et les idées du groupe phalanstérien en ce qu’ils ont de plus large et de plus général. L’un d’eux, Hélène — ce n’est pas la pièce du même nom qui figure dans les Poèmes Antiques — débute par un hymne à la beauté grecque,


                                la vivante harmonie
De la forme parfaite alliée au génie


vers qui le poète, comme autrefois Chénier et après lui Musset, rêve d’aller en un doux pèlerinage au « paradis païen », à


                               la contrée immortelle,
Où rayonne Aphrodite au cœur de Praxitèle,
Ou les dieux helléniens, Paros immaculé
De qui le ciel attique a seul été foulé,
Jaillissent, lumineux, sous la main qui les crée,
Dans leur nudité chaste et leur pose sacrée…


Mais ce n’est là qu’un rêve Lui aussi, il se rend compte qu’il est « venu trop tard dans un monde trop vieux ». La beauté antique, dont Hélène est le symbole, appartient au passé. La beauté à qui doit aller l’admiration des hommes, c’est la beauté de l’avenir.


Oh ! cherchons en avant l’Hélène universelle !
Non le marbre vivant, mais l’astre au feu si beau
Qui reluit dans nos cœurs comme un sacré flambeau !
La multiple beauté dont l’attraction lie