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Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/195

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XVI


Après un automne pluvieux et un rude hiver, le printemps était venu, maussade, avec des giboulées et des gelées matinales. Un dimanche d’avril, Jannic, au lieu d’aller entendre dévotement la messe à son habitude, se rendit à la cahute de Gondet, le « médecin des fièvres ». Ce n’est point qu’il fût malade de corps, mais il était amoureux, et venait demander au vieillard, expert en sortilèges, un philtre capable de lui concilier celle qu’il aimait. Sur le seuil, le jeune pâtre, qui avait essuyé un grain, secoua ses épaules et fit tomber à terre quelques grêlons attachés à l’étoffe poilue de son « sans-culotte », autrement sa veste.

— Salut à vous, Gondet ! fit-il.

— Bonjour à toi, petit !

Le médecin des fièvres était assis sur un tronc d’arbre, dans un coin de l’âtre, où fumaient des branchettes de fagots.