Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXV


Pendant son séjour à la geôle de Ribérac, le docteur Charbonnière avait beaucoup réfléchi et médité sur l’arrangement et la marche des choses humaines, et il en était venu à cette opinion que la perversité des individus provenait moins de leur nature propre que du milieu dans lequel ils avaient vécu. Parmi tous ceux qu’il avait vu passer à la prison et qu’il avait observés, il n’y en avait guère au point d’absolument dépourvus d’un bon sentiment, ou au moins de quelques germes de bons sentiments qu’une saine éducation n’eût fait éclore. À peu près tous rejetaient sur la négligence de leurs parents, la misère, le malheur ou les mauvais exemples, l’abjection où ils étaient déchus. Ainsi le défaut de justice et d’équité dans les relations humaines et dans la répartition des avantages sociaux apparaissait à Daniel comme la cause génératrice du vice et du crime, bien plus que les dispositions perverses, innées, des individus.