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Page:Eugène Monseur - Le folklore wallon, 1892.djvu/44

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Le bouc répondit :

« Il me fallait encore deus paters pour me délivrer. »

— Tu les auras. »

On pria dans le village et le revenant disparut. (Hock 276.)

1621. Un revenant importunait les gens d’un village. Un chevalier alla passer la nuit, armé et en prières, pour savoir ce qu’il voulait. Le spectre arriva et dit qu’il était le portier d’un couvent voisin. Il avait étouffé une jeune fille qui ne voulait pas l’accepter pour amant et s’était pendu de désespoir. En enfer, il avait appris que la jeune fille était en purgatoire et il revenait pour demander des messes suffisantes pour la faire aller en paradis. Le chevalier promit les messes et le spectre se retira. (Résumé d’un rîmé de M. Gust. Magnée dans Bull. Soc. Liég. de Litt. wall. 1re série. 7, 53-59).

Trésors.

1626. Il n’est pas de ruine de vieus château à propos de laquelle on ne raconte qu’il s’y trouve au fond d’un souterrain un trésor enfermé dans un coffre de fer et gardé par une chèvre aus cornes d’or (gat’ d’ôr). La chèvre d’or est ordinairement considérée comme un revenant, ancien habitant du château, intendant infidèle ou châtelaine avare, qui revient sous cette forme en punition de ses péchés. Dans quelques villages, on croit que le trésor lui-même consiste en une chèvre d’or massif, ce qui est certainement une corruption de la donnée de la légende.

1627. Aus ruines de Franchimont, la chèvre d’or est remplacée par un bouc appelé vèrbo[1] et conçu comme un démon

  1. Le vèrbo de Franchimont n’est pas un « bouc vert », comme tout Wallon entendant le mot pour la première fois serait tenté de le traduire ; c’est une forme wallonisée de l’allemand werboch, littéralement « homme-bouc » (τρϰγάνθρωπος), mot formé comme werwolf « loup-garou » littéralement « homme-loup ». La première partie des deus composés est un vieus mot germanique, qui remonte à la langue primitive de notre race et a pour cousin germain le latin vir.