Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/105

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d’amis à amis. Rends-moi donc ce que tu as reçu de lui, en travaillant, non pas dix années, mais un seul jour, pour me sauver. Quant au sacrifice de ma sœur à Aulis, je te l’abandonne ; ne tue pas Hermionè, car tu as le droit d’exiger plus de moi, tel que je suis, et je dois t’accorder davantage. Mais accorde ma vie à mon malheureux père, et celle de ma sœur si longtemps vierge, car, mort, je laisserai la maison paternelle sans enfant. Diras-tu : Cela est impossible ? — C’est justement dans l’adversité que des amis doivent porter secours à leurs amis. Quand le Daimôn est favorable, qu’est-il besoin d’amis ? En effet, un Dieu qui veut nous venir en aide suffit. Tous les Hellènes pensent que tu aimes ta femme, et ce n’est point pour te flatter que je dis cela. C’est par elle que je te supplie. Ô malheureux à cause de mes maux ! À quoi en suis-je venu ! Mais que ne dois-je pas subir ? C’est pour toute ma famille, en effet, que je supplie. Ô frère de mon père, ô oncle, songe qu’il écoute ceci sous la terre des morts, que son âme vole au-dessus de toi et te dit ce que je te dis. Je te parie ainsi au milieu des larmes, des gémissements et des calamités, et je demande la vie, ce que tous recherchent, car je ne suis pas le seul.

LE CHŒUR.

Et moi aussi je te supplie, bien que je sois femme, de venir en aide à ceux qui souffrent, car tu le peux.

MÉNÉLAOS.

Orestès, certes, je respecte ta tête et je veux te venir en aide dans tes maux. En effet, il convient de prendre sa part des maux de ses parents, si un Dieu en donne les