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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/204

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appris dans mes demeures, une race, illustre honneur de Thèba, née des dents du Dragon à l’éclatante crête rouge et nourri de bêtes fauves. Autrefois les Ouranides vinrent aux noces de Harmonia, et les murailles de Thèba et ses tours, aux sons de la kithare et de la lyre d’Amphiôn, s’élevèrent entre deux fleuves, dans la prairie verdoyante d’herbes que baignent Dirkè et l’Isménos. Et Iô, l’Aieule cornue, enfanta les princes des Kadméiens ; et cette Ville, ajoutant les uns aux autres d’innombrables biens, se dressa sous les plus hautes couronnes d’Arès.




TEIRÉSIAS.

Mène-moi plus avant, fille, car tu es l’œil de mon pied aveugle, comme l’étoile du marin. Ici, précède-moi, posant mon pied sur un sol uni, de peur que je trébuche, car ton père est faible. Garde dans ta main de vierge ces sorts que j’ai recueillis, observant les augures des oiseaux sur le siège sacré où je prophétise. Fils Ménoikeus, né de Kréôn, dis-moi quel chemin il faut encore faire dans la Ville jusqu’à ton père, car mes genoux sont fatigués, et j’avance avec peine, ayant déjà beaucoup marché.

KRÉÔN.

Prends courage ! tu as porté ton pas auprès de tes amis, Teirésias. Soutiens-le, fils, car le petit enfant et le pied d’un vieillard ont besoin habituellement de l’appui d’une main étrangère.

TEIRÉSIAS.

Soit ! Nous voici. Pourquoi m’as-tu appelé si promptement, Kréôn ?