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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/213

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pardon, si je trahissais la patrie qui m’a engendré. Sachez-le donc : j’irai, je sauverai la Ville, je donnerai mon âme en mourant pour cette terre. Ne serait-il pas honteux, tandis que ceux-ci, non contraints par les oracles et la fatalité divine, sont debout sous le bouclier et ne refusent pas de mourir en combattant devant les tours pour la patrie, que moi, trahissant mon père, mon frère et ma ville, je sortisse comme un lâche de cette terre ? Partout où je vivrais je serais regardé comme un lâche ! Non ! Par Zeus qui est dans les astres, et par le sanglant Arès qui a fait rois de ce pays ceux qui sont nés des dents semées dans la terre ! Mais j’irai, et, debout sur le sommet des murailles, dans l’antre noir du Dragon, je me tuerai de ma propre main, et je délivrerai cette terre. Ma résolution est dite. Je pars, faisant par ma mort, un présent honorable à la Ville. J’affranchirai cette terre de la ruine. En effet, si chacun, faisant tout ce qu’il peut de bien, l’accomplissait pour la patrie commune, les cités subiraient de moindres maux et seraient heureuses à l’avenir.




LE CHŒUR.
Strophe.

Tu es venue, tu es venue, ô Ailée, enfantement de la terre et de la souterraine Ékhidna, pilleuse des Kadméiens, lamentable, funeste pour beaucoup, vierge à demi, bête terrible, aux ailes furieuses et aux ongles déchirant la chair ! Autrefois, des bords Dirkaiens, enlevant de jeunes enfants, tu apportais à leur patrie de sanglantes douleurs, avec un chant lugubre et une Érinnys désastreuse. Il est