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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/229

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son épée sans plus songer à se garantir, voulut le dépouiller ; mais ceci le perdit, car Polyneikès déjà tombé, respirant encore et ayant gardé le fer en main dans sa chute, à peine vivant, enfonça son épée dans le foie d’Étéoklès. Et tous deux tombèrent l’un sur l’autre en mordant la terre et sans remporter la victoire.

LE CHŒUR.

Hélas ! hélas ! Combien je gémis sur tes malheurs, Oidipous ! Un Dieu vient d’accomplir tes imprécations !

LE MESSAGER.

Maintenant, écoutez les malheurs qui ont suivi. Tandis que ses enfants tombés quittaient la vie, la malheureuse mère arrivait en hâte avec sa fille, et, les voyant mortellement blessés, elle gémit : — Ô fils ! je suis venue trop tard à votre aide ! — Et se jetant tour à tour sur eux, elle se lamentait sur ses fils et pleurait la douloureuse peine de ses mamelles, et la sœur gémissait comme la mère : — Ô protecteurs de la vieillesse de ma mère, ô frères très chers, qui me ravissez mes noces ! — Étéoklès, exhalant de sa poitrine un souffle lamentable, entendit sa mère, et, lui tendant sa main débile, ne put parler, mais lui témoigna son amour par ses yeux en larmes. Et Polyneikès, respirant encore, regarda sa sœur et sa vieille mère et dit ceci : — Je meurs, mère, mais j’ai pitié de toi, de ma sœur et de mon frère mort, car je l’ai aimé, bien qu’il soit devenu mon ennemi, d’ami qu’il était. Ensevelissez-moi, mère, et toi, sœur, dans la terre de la patrie et apaisez la Ville irritée. Quoique j’aie perdu ma demeure, que j’obtienne au moins un peu de la terre de la patrie ! Mère, abaisse mes paupières avec ta main ! — Et il porta