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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/262

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MÈDÉIA.

Je fuirai, mais ce n’est pas ce que je demandais de toi.

KRÉÔN.

Pourquoi donc résister, et ne sors-tu pas de ce pays ?

MÈDÉIA.

Permets-moi de rester ce seul jour, afin de délibérer sur le lieu où je me réfugierai et chercherai un asile à mes enfants, puisque leur père ne s’inquiète en rien de ses fils. Prends-les en pitié, car toi aussi tu as des enfants. Il t’est naturel d’être bienveillant. Je n’ai souci ni de moi, ni d’aller en exil, mais je pleure sur eux qui subissent une destinée mauvaise.

KRÉÔN.

Mon cœur n’est point tyrannique par nature, et j’ai déjà beaucoup perdu, vaincu par la pitié ; et maintenant encore je fais une faute, je le vois, femme ! Cependant que cela soit ! Mais je te le déclare : si la lumière du Dieu vous trouve demain, toi et tes enfants, dans les limites de cette terre, tu mourras. Maintenant, s’il te faut rester, reste ce seul jour. Tu ne pourras faire, en effet, le mal que je crains.




LE CHŒUR.

Malheureuse femme ! Hélas ! hélas ! malheureuse à cause de tes douleurs. Où iras-tu ? Quel hôte, quelle demeure, quelle terre t’affranchira de tes maux ? Dans quelle terrible tempête de malheurs un Dieu t’a-t-il conduite, Mèdéia ?