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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/301

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MÈDÉIA.

Je pourrais longuement répondre à cela, si le Père Zeus ne savait ce que tu as reçu de moi, et ce que tu m’as rendu en retour. Mais il n’était pas dans ta destinée, ayant méprisé mon lit, de passer une heureuse vie en m’outrageant. Et ni la jeune fille royale, ni Kréôn qui a fait ce mariage ne devaient me chasser impunément de cette terre. S’il te plaît de m’appeler Lionne et Scylla qui habite le détroit Tyrrhénien, j’aurai du moins déchiré à mon tour ton cœur, comme il est juste.

IASÔN.

Toi aussi tu gémis, et tu partages mes maux.

MÈDÉIA.

Il en est ainsi, sache-le ! mais ma douleur m’est douce, si tu ne peux la railler.

IASÔN.

Ô fils ! quelle mauvaise mère vous avez eue !

MÈDÉIA.

Ô fils ! c’est par la perfidie paternelle que vous avez péri !

IASÔN.

Certes, ce n’est point ma main qui les a tués.

MÈDÉIA.

Ce sont tes nouvelles noces et l’injure que tu m’as faite.