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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/329

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LE CHŒUR.

Phaidra, ce qu’elle dit est ce qu’il y a de plus utile dans ton malheur présent ; mais je t’approuve cependant, quoique ma louange te soit plus odieuse sans doute que ses paroles, et plus cruelle à entendre.

PHAIDRA.

C’est cela, ce sont les trop belles paroles qui détruisent les villes bien constituées et les familles. Il ne faut pas dire ce qui est agréable aux oreilles, mais cela seul qui mène à la gloire.

LA NOURRICE.

Pourquoi parler si magnifiquement ? Tu n’as pas besoin de belles paroles de cet homme. Il faut m’expliquer très promptement ce que tu ressens, afin que je dise directement ce qui te concerne. Si ta vie n’était pas jetée en un si grand péril, si tu étais une femme saine d’esprit, jamais, pour satisfaire ton désir voluptueux, je ne te conduirais jusque-là. Mais aujourd’hui, la plus grande tâche est que je sauve ta vie ; et pour cela rien qui coûte.

PHAIDRA.

Ô paroles horribles ! Ne fermeras-tu pas ta bouche ? Ne cesseras-tu pas de prononcer des paroles aussi honteuses ?

LA NOURRICE.

Honteuses à la vérité ; mais meilleures pour toi que si elles étaient honnêtes. Et la chose qui te sauvera vaut mieux que le renom pour lequel tu te glorifies de mourir.