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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/392

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EUMÈLOS.
Antistrophe.

Tout jeune, ô père, je reste seul, abandonné de ma chère mère ! Moi, malheureux… Et toi, jeune sœur, tu subis… ô père, c’est en vain que tu as pris une épouse ; tu n’es pas arrivé avec elle au terme de la vieillesse, car elle est morte auparavant ! Et puisque tu es morte, ô mère ! notre race périt.

LE CHŒUR.

Admètos, il faut supporter cette calamité. En effet, tu n’es ni le premier, ni le dernier des mortels qui ait été privé d’une épouse excellente ; mais sache qu’il est nécessaire que nous mourions tous.

ADMÈTOS.

Je le sais, et ce malheur ne m’a pas assailli brusquement. Je le connaissais, et j’en étais tourmenté depuis longtemps. Mais je célébrerai les funérailles de ce corps. Aidez-moi, et restant ici, chantez tour à tour un chant funèbre au Dieu souterrain à qui on n’offre point de libations. J’ordonne, à tous les Thessaliens auxquels je commande, de prendre part au deuil de cette femme, la chevelure rasée et vêtus du péplos noir. Et vous, qui attelez les quadriges, ou qui êtes portés par des chevaux seuls, tranchez avec le fer les crins de leurs cous. Que le son des flûtes et de la lyre se taise dans toute la ville pendant douze lunes entières ! Je n’ensevelirai, en effet, aucun autre corps plus cher que celui-ci, et qui ait mieux mérité de moi. Elle est bien digne que je l’honore, puisqu’elle est morte pour moi.