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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/458

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prendre une femme, de ne point former d’alliance avec toi, et ne point recevoir dans ses demeures la fille d’une mauvaise femme, car les filles ont les vices maternels. Considérez donc ceci, ô prétendants, qu’il ne vous faut épouser que des filles nées de vertueuses mères. Par surcroît, tu as été injurieux envers ton frère, en ordonnant de tuer sa fille, tant tu craignais de ne pas retrouver une méchante femme ! Quand Troia fut prise, — car j’en reviens à toi, — tu n’as pas tué ta femme remise en ton pouvoir ; mais, ayant regardé ses seins, jetant ton épée, tu as reçu son baiser, et, vaincu par le désir de Kypris, tu as caressé une chienne traîtresse, ô très lâche que tu es ! Et, ensuite, venu dans les demeures de mes enfants, tu agis outrageusement pendant leur absence, tu veux tuer honteusement cette malheureuse femme et cet enfant qui vous fera pleurer, toi et ta fille, dans vos demeures, quand même il serait trois fois bâtard. Souvent un sol aride l’emporte sur une terre grasse, et beaucoup de bâtards l’emportent sur des enfants légitimes. Mais emmène ta fille. Il vaut mieux pour les hommes avoir un gendre pauvre, honnête et ami, qu’un gendre vicieux et riche. Pour toi, tu es un homme de rien !

LE CHŒUR.

D’un petit commencement, la langue excite de grandes querelles parmi les hommes. Les sages redoutent cela et n’ont point de discussion avec leurs amis.

MÉNÉLAOS.

Pourquoi donc dirais-tu que les vieillards sont sages, eux qui semblent tels aux Hellènes ? Toi qui es Pèleus, né