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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/491

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cause juste, et tu peux, à l’aide de ton fils, soulager notre infortune. Moi qui souffre des maux lamentables, je te supplie, malheureuse que je suis ! de remettre mon fils entre mes mains, afin que je serre dans mes bras les misérables membres de mon enfant mort.

Strophe III.

Une autre lamentation vient après la nôtre ; les coups que se donnent nos servantes retentissent. Allez, ô vous qui partagez notre douleur, vous qui chantez, de concert avec nos maux, en un chœur qui plaît à Aidés ! Ensanglantez vos ongles blancs sur vos joues, et déchirez votre corps, car ce qu’on rend aux morts est un honneur pour les vivants.

Antistrophe III.

Cette volupté insatiable et cruelle de me lamenter me pousse à ne jamais cesser de pleurer, comme l’eau qui flue intarissablement d’une roche élevée, car la violente douleur des femmes à cause de leurs fils morts les pousse d’ordinaire à pleurer. Hélas ! hélas ! Plût aux Dieux que, morte, je pusse oublier mes douleurs !




THÈSEUS.

Quel gémissement ai-je entendu ? quel bruit de poitrines et quelles lamentations funèbres retentissant hors de ce temple ? Car je suis saisi de la crainte que ma mère, vers qui je viens, ne soit, depuis qu’elle a quitté les demeures, en proie à quelque chose de nouveau. Qu’est-ce que ceci ? Je vois un spectacle inattendu : ma vieille mère assise à