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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/499

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vers, de les enfanter avec joie. Comment, en effet, s’il est lui-même en proie aux soucis, pourrait-il charmer les autres ? Car cela n’est pas équitable. Mais tu diras peut-être : — Pourquoi, ne songeant point à la terre de Pélops, imposes-tu ce travail aux Athènaiens ? — Je dois déclarer ceci : Sparta est cruelle et rusée de mœurs, et les autres cités sont petites et faibles ; mais ta ville peut seule soutenir cette entreprise, car elle a coutume de soutenir le malheur, et elle a en toi un chef jeune et brave. Privées d’un tel chef, beaucoup de villes ont péri.

LE CHŒUR.

Et moi, je parle comme lui, Thèseus, afin que tu aies pitié de mes calamités.

THÈSEUS.

Avec d’autres j’ai déjà agité une telle question. On a dit que parmi les hommes les maux sont plus nombreux que les biens ; mais moi, je pense, au contraire, que les biens l’emportent sur les maux chez les hommes ; car, si cela n’était pas, nous ne verrions pas la lumière. Je loue celui des Dieux qui a dégagé notre vie de l’état sauvage, d’abord en nous donnant l’intelligence et la langue messagère de la parole, afin que nous connaissions la voix, et des fruits qui nourrissent et les humides rosées ouraniennes qui alimentent les fruits qui naissent de la terre et arrosent le sein de celle-ci, et puis des abris contre l’hiver et contre l’ardeur du Dieu, et la navigation sur la mer, et le commerce des choses qui manquent à chaque pays. Enfin, ce qui nous est caché et que nous ne connaissons point clairement, les divinateurs nous le révèlent en contemplant le feu, les entrailles et le vol des oiseaux. Ne