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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/510

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guerre. Et d’abord, elle est très agréable aux Muses, ennemie des lamentations, se plaît à procréer une heureuse population et se réjouit des richesses. Mauvais que nous sommes, rejetant les biens, nous entreprenons des guerres, et nous réduisons en servitude, hommes les hommes, et Cités les Cités plus faibles que nous. Mais toi, tu veux secourir nos ennemis et ensevelir des morts que leur propre insolence a perdus. Ce n’est donc plus avec justice que le corps de Kapaneus frappé de la foudre est tombé consumé des échelles appliquées à nos portes, quand il jura qu’il détruirait la Ville, que les Dieux le voulussent ou non ? ou que le gouffre béant engloutit le Divinateur et son char à quatre chevaux, et que les autres chefs gisent devant les portes sous les rochers qui ont écrasé les sutures de leurs os ? Donc, glorifie-toi d’être plus sage que Zeus, ou avoue que les Dieux font justement périr les mauvais. Il faut que les sages aiment d’abord leurs enfants, puis leurs parents, puis leur patrie qu’ils doivent accroître et non ruiner. La témérité d’un chef est chose dangereuse. Le pilote d’une nef, qui est calme selon le temps, est sage, et, pour moi, prudence est courage.

LE CHŒUR.

C’était assez de Zeus pour punir les crimes ; mais, pour vous, il ne fallait pas agir si injurieusement.

ADRASTOS.

Ô le pire de tous les hommes !

THÈSEUS.

Tais-toi, Adrastos ; ferme ta bouche et ne parle pas