Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/512

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une lutte. Parmi les mortels, les uns sont heureux maintenant, les autres le seront ensuite, et d’autres l’ont été. La fortune se joue ; elle est honorée par le malheureux afin qu’elle le fasse prospérer, et l’heureux l’exalte par ses louanges, afin que son souffle propice ne l’abandonne pas. Sachant cela, il nous faut, blessés d’une injure légère, la supporter sans colère, et que nos offenses, au moins, ne soient pas funestes à la Cité. Comment ceci sera-t-il ? Donne-nous les corps des morts pour que nous les ensevelissions, nous qui voulons être pieux ; sinon, ce qui arrivera est manifeste, car j’irai les ensevelir de force. Jamais, en effet, il ne sera dit parmi les Hellènes que l’antique Loi des Dieux, venue jusqu’à moi et à la Ville de Pandiôn, a été violée.

LE CHŒUR.

Aie bon courage ! En respectant la lumière de la justice, tu échapperas aux vains blâmes des hommes.

LE HÉRAUT.

Veux-tu que je resserre en un mot ton discours ?

THÈSEUS.

Parle, si tu veux, car tu n’es pas de nature silencieuse.

LE HÉRAUT.

Jamais tu n’enlèveras de notre terre les fils des Argiens.

THÈSEUS.

Et toi, écoute-moi à ton tour, si tu veux.