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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/519

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Moi qui ai vu cela, et qui n’ai point appris par d’autres les choses terribles qui se passaient, car j’étais là où luttaient les chars et les combattants des chars, je ne sais que dire tout d’abord, ou l’épaisse poussière qui montait dans l’Ouranos, ou ceux qui étaient traînés sens dessus dessous, embarrassés dans les rênes, ou les flots de sang versé, ou les uns tombés des chars, brisés, précipités la tête contre terre et perdant la vie sous les chars fracassés. Et Kréon, ayant vu la cavalerie partie d’ici victorieuse, saisit son bouclier et s’avança, avant que la frayeur se fût emparée de ses compagnons. Mais Thèseus, n’hésitant pas un seul instant, marcha droit en avant et entraîna ses guerriers splendidement armés. Et les Kadméiens, au milieu de la mêlée, tuaient et étaient tués, et s’exhortaient avec de grandes clameurs : — Frappe ! repousse courageusement de ta lance les Érékhthéides ! — Et la foule des hommes issus des dents du Serpent combattait avec fureur. Et, en effet, notre aile gauche plia ; mais leur aile gauche prit la fuite, vaincue par notre droite, et le combat était égal. C’est à ce moment qu’il faut louer le Stratège. Ne se contentant pas de cette portion de victoire, il courut à l’aile qui pliait, et il cria d’une voix telle que la terre en retentit : — Ô enfants, si vous ne résistez pas à la lance solide des hommes nés de la Semence, la Cité de Pallas va périr ! — Et il inspira sa confiance à toute l’armée des Kranaïdes, et s’étant armé lui-même de la terrible massue Épidaurienne, et la faisant brandir, il en brisa les têtes couvertes de casques et les cous arrachés des troncs. Et, après bien des peines, tous, enfin, prirent la fuite. Et moi, je m’écriai, et je sautai et je battis des mains ; mais les vainqueurs couraient aux portes. Et les clameurs et les hurlements des jeunes hommes et des vieillards rou-