Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/547

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LE VIEILLARD.

Je me hâte. Bien que ma vieillesse soit privée de sommeil, la vigilance est dans mes yeux.

AGAMEMNÔN.

Quel est cet astre qui passe là-haut ?

LE VIEILLARD.

Seirios, roulant auprès des sept Pléiades, encore au milieu de son orbe.

AGAMEMNÔN.

C’est pourquoi il n’y a ni chant d’oiseaux ni bruit de la mer, et le silence des vents plane sur l’Euripos.

LE VIEILLARD.

Mais pourquoi t’élances-tu hors de ta tente, Roi Agamemnôn ? Le repos est encore dans Aulis, et les gardes des murs sont immobiles. Rentrons.

AGAMEMNÔN.

Je t’envie, ô vieillard ! J’envie celui des hommes qui passe sa vie, inconnu et sans gloire, et j’estime moins heureux ceux qui sont dans les honneurs.

LE VIEILLARD.

C’est là cependant qu’est le beau de la vie.

AGAMEMNÔN.

C’est un éclat menteur. La puissance est douce à désirer, mais elle est douloureuse quand on la possède. Tan-