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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/619

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LE MESSAGER.

Je veux au contraire te dire des choses admirables et prodigieuses au sujet de ta fille.

KLYTAIMNESTRA.

Ne tarde donc pas ! dis très promptement.

LE MESSAGER.

Ô chère maîtresse, tu sauras tout clairement. Je prendrai par le commencement, à moins que l’esprit ne m’échappe et ne trouble mes paroles. Dès que nous fûmes arrivés au bois sacré et à la prairie fleurie de la fille de Zeus, d’Artémis, là où était réunie l’armée des Akhaiens, avec ta fille que nous conduisions, aussitôt la multitude des Argiens accourut. Et, dès que le Roi Agamemnôn vit la jeune fille s’avancer dans le bois sacré vers le sacrifice, il gémit, et, détournant la tête, il versa des larmes en couvrant ses yeux de son péplos. Mais elle, s’étant approchée de son père, parla ainsi : — Ô père ! me voici, voulant donner ma vie pour ma patrie et pour toute la Hellas. Conduisez-moi afin de me sacrifier sur l’autel de la Déesse, puisque l’oracle le demande ainsi. Pour ce qui dépend de moi, soyez heureux, et remportez le prix de la victoire et revenez dans la patrie ! Qu’aucun des Argiens, cependant, ne me touche ; je tendrai la gorge en silence et courageusement. — Elle parla ainsi, et tous, l’entendant, admirèrent la grandeur d’âme et le courage de la vierge. Et Talthybios, debout au milieu, commanda à l’armée, car ce soin le concernait, le silence et les présages favorables. Et le divinateur Kalkhas posa dans la corbeille d’or l’épée aiguë qu’il en avait retirée enveloppée de sa gaine,