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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/74

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nourriture et n’a point baigné son corps ; mais, enveloppé de ses vêtements, quand son corps est soulagé de son mal, recouvrant l’esprit, il pleure, et, quelquefois, rapide, il saute de son lit, comme un cheval hors du joug. Et il a été décrété que les Argiens ne nous recevraient ni sous leur toit ni à leur foyer, et que nul ne parlerait aux matricides ; et ce jour est celui où la ville des Argiens décidera, par son suffrage, s’il faut que nous mourions lapidés ou que nous ayons le cou tranché par l’épée aiguisée. Mais nous avons quelque espoir de n’être pas mis à mort. En effet, Ménélaos revient de Troia dans sa patrie. Étant entré dans le port naupléien, il aborde le rivage, ayant longtemps erré dans ses courses vagabondes depuis Troia. Et il a envoyé avant lui, dans la demeure, la désastreuse Hélénè, pendant la nuit, de peur que ceux dont les fils ont péri sous Ilios, la voyant venir pendant le jour, ne lui jettent des pierres. Or, elle est dans la demeure, pleurant sa sœur et les calamités de sa famille. Cependant, elle a quelque consolation de ses douleurs. La vierge que Ménélaos laissa dans la demeure quand il navigua vers Troia, et qu’il confia à ma mère pour être élevée par elle, Hermionè, amenée de Spartè, réjouit Hélénè et lui fait oublier ses maux. Je regarde de tous côtés sur le chemin afin de voir arriver Ménélaos, car nous n’avons que de faibles secours à attendre de tous les autres. Si nous ne sommes sauvés par lui, la chose est sans ressources pour la malheureuse maison.




HÉLÉNÈ.

Ô enfant de Klytaimnestra et d’Agamemnôn, depuis si