Aller au contenu

Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chasse ces terreurs qui t’en arrachent. Reste étendu sur ce lit, car, bien que n’étant point malade, si on se croit tel, il en résulte angoisse et tourment pour les mortels.




LE CHŒUR.
Strophe I.

Hélas, hélas ! Ô rapides, ailées, furieuses Déesses, qui, dans les larmes et les gémissements, célébrez des fêtes non semblables aux Thiases, noires Euménides qui volez par le large Aithèr, expiatrices du sang, vengeresses du meurtre, je vous supplie, je vous supplie, laissez le fils d’Agamemnôn oublier sa rage insensée et furieuse ! Ô malheureux, que de tourments tu t’es attirés en recueillant l’oracle rendu par Phoibos du haut du Trépied, sur le sol et dans le sanctuaire où est, dit-on, le nombril de la terre !

Antistrophe I.

Ô Zeus ! quelle pitié espérer ? Quel est ce combat du meurtre qui te travaille, malheureux, et dans lequel un Daimôn multiplie tes larmes en faisant apparaître dans la demeure le sang de ta mère, qui te tourmente ? Je me lamente, je me lamente ! Une grande fortune n’est point stable parmi les mortels. De même qu’un Daimôn déchire la voile d’une nef rapide, de même il engloutit cette fortune en de profondes misères, comme dans les flots violents et dévorateurs de la mer. Quelle autre famille, en effet, que celle des Tantalides, issue de noces divines, me faut-il honorer ?

Mais voici que le Prince, que le Roi Ménélaos approche.