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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/214

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LES BAKKHANTES

pour observer le vol des oiseaux et les présages du feu ? Si ta vieillesse ne te préservait pas, tu resterais enchaîné au milieu des Bakkhantes, toi qui as introduit ici ces rites désastreux. Quand le jus de la grappe, en effet, coule dans un festin pour des femmes, je dis que rien n’est bon dans ces orgies.


Le Chœur.

Tu ne respectes pas la piété vénérable, ô Étranger, ni Kadmos, le Semeur de la moisson née de la terre. Étant le fils d’Ékhiôn, tu déshonores ta race !


Teirésias.

Quand un homme sage trouve une bonne occasion de parler, il ne lui est pas difficile de le faire clairement. Tu as, en effet, une langue rapide, comme un homme rusé, mais il n’y a point d’intelligence dans tes paroles. Un homme audacieux, puissant et éloquent, est un citoyen dangereux, s’il a un esprit mauvais. Ce Dieu nouveau que tu railles, je ne saurais dire la grandeur qui lui est réservée dans la Hellas. Il y a, en effet, deux divinités, ô jeune homme, qui sont les plus illustres parmi les mortels : d’abord, la Déesse Dèmètèr, qui est la même que la Terre, ou quelque soit le nom que tu lui donnes, et qui nourrit tous les hommes ; et l’autre est le fils de Sémélè. Il a découvert la liqueur de la grappe, et l’a donnée aux mortels. Elle affranchit les malheureux de leurs douleurs, et, quand ils sont pleins de la liqueur de la vigne, elle leur apporte le sommeil et l’oubli des maux de chaque jour. Et il n’y a pas d’autres remèdes aux peines. Ce Dieu lui-même est offert en libations aux