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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/251

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LES BAKKHANTES.

Le Messager.

Il faut donc te pardonner. Mais, cependant, il est honteux, ô femme, de se réjouir de maux accomplis.

Le Chœur.

Dis-moi ! raconte par quelle destinée est mort cet homme inique qui méditait des actions iniques.

Le Messager.

Après avoir passé Thérapna, à la limite de la terre Thèbaienne, et traversé le courant de l’Asôpos, nous avons commencé à gravir les hauteurs du Kithairôn, Pentheus et moi, car je suivais, en effet, le Maître et l’Étranger qui nous menait voir les Orgies. Et, d’abord nous nous sommes arrêtés dans une vallée herbue, taisant le bruit de nos pas et retenant nos langues, afin de regarder sans être vus. Et cette vallée était environnée de rochers, arrosée d’eaux, et ombragée de pins. Et les Mainades étaient là, les mains occupées d’un travail agréable ; car les unes ornaient de nouvelles couronnes de lierre les thyrses sans feuillage ; et les autres, comme de jeunes poulains libres du joug, chantaient un chant Orgiaque en se répondant entre elles. Mais le malheureux Pentheus, ne voyant pas la troupe des femmes, dit ceci : — Ô Étranger, d’où nous sommes, de mes yeux je n’aperçois point les Mainades, tandis qu’en montant sur une hauteur ou sur un sapin élevé, je verrai très bien leurs Orgies lascives. — Je vois alors un prodige de cet Étranger. Saisissant le rameau Ouranien d’un sapin, il l’amena, l’amena, l’amena contre le noir sol. Et le rameau se cour-