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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/315

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fut souvent l’alliée du père de ceux-ci ; et la Cité de la Déesse et son peuple les ont sauvés, et ont réprimé l’insolence d’Eurystheus dont la fureur l’emportait en lui sur la justice. Que jamais ma fierté ni mon âme ne soient insatiables !

LE MESSAGER.

Ô Maîtresse, tu le vois, mais cependant je le dirai. Nous venons, t’amenant Eurystheus, spectacle inespéré pour nous, et non moins inattendu pour lui. Jamais, en effet, il n’avait pensé qu’il dût tomber entre tes mains, quand il partait de Mykèna avec son armée et avec de nombreuses fatigues, aspirant hautement, et contre la justice, à renverser Athèna. Mais un Daimôn a retourné les choses et changé la fortune. Donc, Hyllos et le brave Iolaos ont élevé une statue triomphale de Zeus victorieux, et ils m’ont chargé de t’amener celui-ci, afin de réjouir ton cœur ; car il est très doux de voir un ennemi devenu malheureux d’heureux qu’il était.

ALKMÈNA.

Ô détestable, te voilà ! La justice t’a enfin saisi ! Avant tout, tourne la tête vers moi, et regarde tes ennemis en face. Nous te tenons maintenant, et tu ne nous tiens plus. Es-tu celui, je veux le savoir, ô fourbe, qui a tant outragé mon fils partout où il a vécu ? En quoi n’as-tu pas osé l’outrager, en effet, toi qui l’as contraint de descendre vivant dans le Hadès, et qui l’as envoyé tuer les hydres et les lions ? Les autres maux que tu as médités, je les tais ; ce serait un récit trop long. Et il ne t’a pas suffi d’oser cela contre lui ; mais tu nous a chassés de