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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/337

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Ilios, et que Ménélaos a poursuivie. Car, si mon mari vivait, nous nous reconnaîtrions l’un l’autre, grâce à des signes qui ne sont connus que de nous seuls ; mais cela ne se peut plus maintenant, et il ne reviendra jamais. Pourquoi donc vivrai-je davantage ? Quelle espérance me reste-t-il ? Changerai-je de malheur par des noces nouvelles, en habitant avec un Barbare, et en m’asseyant à sa table opulente ? Mais quand un mari est odieux à sa femme, la vie aussi est odieuse, et il vaut mieux mourir. Comment mourir avec honneur ? À la vérité, il est déshonorant de se suspendre à un lacet, et c’est un opprobre même pour les esclaves ; mais il est plus noble et plus beau de s’égorger, et c’est le plus court moyen de quitter la vie. Je suis tombée dans cet abîme de maux. D’autres femmes ont été heureuses à cause de leur beauté, et c’est ma beauté qui m’a perdue !

LE CHŒUR.

Hélénè, ne pense pas que l’Étranger venu ici, quel qu’il soit, n’ait dit que des choses vraies.

HÉLÉNÈ.

Mais il a dit clairement que mon mari était mort.

LE CHŒUR.

Bien des récits sont mensongers.

HÉLÉNÈ.

Mais les paroles de la vérité sont, au contraire, toujours certaines.