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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/393

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dans son désir de sa fille perdue et qu’on ne peut nommer. Les Krotales de Bromios rendaient un son strident ; et, avec la Déesse traînée sur un char attelé de bêtes fauves, allaient les Nymphes rapides à la recherche de la jeune fille enlevée aux chœurs des vierges, et Artémis armée de ses flèches, et la Déesse au visage terrible, armée de la balance. Mais Zeus, du haut de l’Ouranos, décrétait une autre Moire.

Antistrophe I.

Mais quand la Mère, après tant de courses vagabondes, eut cherché en vain le rusé ravisseur de sa fille, elle traversa les neigeuses retraites des Nymphes Idaiennes, et, dans son deuil, se jeta sur les rochers neigeux. Elle ne féconda plus, par le labour, les champs stériles des mortels ; elle consuma par la faim la race des peuples ; elle ne dispensa plus aux troupeaux la joyeuse pâture des arbustes. La vie manqua aux Villes ; il n’y eut plus de sacrifices aux Dieux, plus d’offrandes brûlées sur les autels ; et, dans le cruel regret de sa fille, elle défendit aux sources fraîches de répandre leurs eaux limpides.

Strophe II.

Cependant, après qu’elle eut enlevé leurs festins aux Dieux et à la race humaine, Zeus, pour apaiser la colère funeste de la Mère, dit ceci : — Allez, vénérables Kharites, allez ! calmez par votre concert la douleur de Dèmètèr irritée à cause de sa fille, et vous, Muses, par le chœur de vos hymnes ! — Alors, la première entre les Dieux heureux, la très belle Kypris, fit résonner la peau sonore du tympanon, et la trompette d’airain ; et la