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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/395

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dont il a été longtemps privé. Mais il sort des demeures, celui qui pense tenir dans ses mains mes noces toutes prêtes. Il faut me taire. Et vous, par bienveillance pour moi, faites de même et fermez la bouche, afin que si nous réussissons à nous sauver nous-mêmes, nous vous sauvions aussi.




THÉOKLYMÈNOS.

Avancez, serviteurs, dans l’ordre prescrit par l’Étranger, et portez les offrandes mortuaires et marines. Mais toi, Hélénè, si je te semble bien parler, crois-moi, reste ici. Présente, ou de loin, tu rendras hommage à ton mari. Je crains que le regret ne te pousse à jeter ton corps dans les flots de la mer, entraînée par l’amour de ton premier mari, car tu le pleures outre mesure, lui qui n’est plus.

HÉLÉNÈ.

Ô illustre époux ! il est nécessaire que j’honore mon premier lit nuptial et son souvenir. Dans mon amour pour mon mari, j’aurais voulu mourir avec lui ; mais à quoi lui servirait, puisqu’il est mort, que je mourusse aussi ? Cependant, permets-moi d’aller lui rendre moi-même les honneurs funèbres, et que les Dieux t’accordent tout ce que je désire, ainsi qu’à cet étranger qui nous aide en ceci ! Puisque tu as été bienveillant pour Ménélaos et pour moi, je te serai dans ta demeure une épouse telle qu’il te la faut. En effet, tout marche a une heureuse fin. Mais qu’on nous donne une nef dans laquelle nous transporterons ces offrandes, afin que ta faveur soit entière.