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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/536

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qu’il égorge ceux qu’il a engendrés, avant d’être délivré de ma rage. Le voici ! Déjà il commence à secouer la tête, et il roule en silence des yeux hagards et farouches, ne contenant pas son souffle haletant ; et comme un taureau qui se rue, il mugit terriblement, en invoquant les Kères du Tartaros ! Bientôt je l’aiguillonnerai plus encore et je le frapperai de terreur. Retourne dans l’Olympos, Iris, de tes pieds immortels. Moi, je vais pénétrer dans les demeures de Hèraklès.




LE CHŒUR.

Hélas ! hélas ! gémis, ô Ville ! Le fils de Zeus, ta fleur est moissonnée ! Malheureuse Hellas, tu perdras ton bienfaiteur en proie aux fureurs de Lyssa ! Elle a fui, portée sur son char, et pressant ses chevaux de l’aiguillon, comme pour commettre un crime, celle qui cause d’innombrables gémissements, la fille de Nyx, la Gorgô aux cent têtes qui sifflent comme des serpents, Lyssa aux yeux ardents ! un Daimôn a promptement détruit la félicité de Hèraklès, et ses enfants vont bientôt rendre l’âme, égorgés par leur père ! Ô malheureuse que je suis ! hélas ! Zeus ! Les cruelles vengeances de Hèra vont accabler le fils qui bientôt n’aura plus d’enfants ! Ô demeure ! voici la danse sans tympanons et sans thyrse de Bromios ! ô demeure ! Elle finira dans le carnage, et non dans les libations de la liqueur de la vigne ! Fuyez, enfants, échappez-vous ! Le cri de haine du chasseur qui poursuit ses enfants retentit, et ce n’est pas vainement que Lyssa se déchaîne dans les demeures. Hélas ! hélas ! à cause de ces maux ! hélas ! hélas ! Combien je me lamente sur ce vieux père et sur