Aller au contenu

Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/540

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le foie, et l’enfant, rendant l’âme, arrosa de sang les colonnes de pierre. Et lui, se glorifia plein de joie, disant : — Voilà un des fils d’Eurystheus mort et recevant le châtiment de la haine paternelle ! — Et il tendit son arc contre un autre qui s’était réfugié, tremblant, à la base de l’autel, espérant s’y cacher. Et le malheureux, tombant aux genoux de son père, et portant la main à son cou et à son menton, lui dit : — Ô très cher père, ne me tue pas ! Je suis ton fils, ton fils ! Ce n’est pas le fils d’Eurystheus que tu frapperas ! — Mais lui, roulant des yeux farouches de Gorgô, et l’enfant étant trop près pour le jet de la flèche ailée, tel qu’un forgeron qui bat une masse en feu, faisant tomber sa massue sur la tête blonde de l’enfant, lui brisa le crâne ! Et, après avoir tué ce second fils, il s’élança pour égorger le troisième. Mais la malheureuse mère le prévint, et entraîna l’enfant dans la demeure, et ferma les portes. Et lui, comme s’il était devant les murs kyklopéens, creusa, secoua les portes avec des leviers, et, ayant enfoncé les battants, tua d’un seul trait sa femme et son fils. Puis, comme il allait égorger le vieillard, survint une apparition admirable, Pallas, qui brandissait sa lance à la pointe aiguë, et qui jeta une roche contre la poitrine de Hèraklès, ce qui l’empêcha de continuer ce carnage, et te fit tomber endormi. Et il tomba contre terre et heurta du dos une colonne rompue par la chute du toit, et qui gisait sur sa base. Pour nous, affranchis de la nécessité de fuir, nous l’avons, aidant le vieillard, lié avec des cordes à une colonne, afin qu’en se réveillant il ne puisse pas commettre d’autres meurtres, après ceux qu’il a déjà commis. Et le malheureux dort ainsi d’un misérable sommeil, ayant égorgé ses enfants et sa femme ! Je ne sais si un des mortels est plus malheureux.