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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/549

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pas me ruer du haut d’un rocher poli, ou me percer le foie avec l’épée, pour venger le meurtre de mes enfants ? ou brûler ma chair dans le feu, afin d’épargner à ma vie l’infamie qui lui est réservée ? Mais voici un empêchement à mon dessein mortel ; voici venir Thèseus, mon parent et mon ami. Je serai vu par lui, et cette souillure du meurtre de mes enfants va s’offrir aux yeux de mon hôte le plus cher ! Hélas ! que ferai-je ? Quelle solitude trouverai-je pour mes maux ? Est-ce dans l’air ou sous la terre ? Allons ! je répandrai les ténèbres sur ma tête à l’aide de mes vêtements. J’ai honte des crimes que j’ai commis, et je ne veux pas infliger à celui-ci, qui est innocent, la souillure du sang que j’ai versé.




THÈSEUS.

Je viens, avec d’autres jeunes hommes de la terre des Athènaiens, qui sont restés en armes sur les bords de l’Asôpos, apporter le secours de ma lance à ton fils, ô vieillard ! Le bruit, en effet, est venu dans la Ville des Érékhthides, que Lykos, ayant saisi le sceptre de ce pays, allait vous déclarer la guerre et vous combattre. Afin de vous montrer ma gratitude pour les bienfaits de Hèraklès qui m’a ramené en sûreté du Hadès souterrain, je viens, vieillard, si besoin en est, vous aider de ma main et de mes compagnons. Ah ! pourquoi ce lieu est-il plein de cadavres ? Suis-je arrivé trop tard, et après ces récents malheurs ? Qui a tué ces enfants ? À qui cette femme que je vois, était-elle mariée ? Ces enfants, en effet, n’ont point péri dans le combat ? Mais je trouve ici la trace d’un nouveau malheur.