Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/104

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de suite ce La-ko-nie dont nous avait parlé d’une manière si vague le jeune chrétien que nous avions rencontré dans un couvent de bonzes, avant d’entrer dans la ville. En nous communiquant la requête et les édits en faveur du christianisme, obtenus par M. de Lagrenée, ce missionnaire nous avertissait que, malgré toutes ces concessions importantes, la position des chrétiens ne se trouvait guère meilleure, et que, dans plusieurs localités, la persécution sévissait toujours avec la même rigueur. Comme on s’est fait, en France, de grandes illusions au sujet de la liberté religieuse obtenue par l’ambassade que M. Guizot envoya en Chine, en 1844, nous allons entrer, sur cette affaire, dans quelques détails.

Après avoir conclu un traité de commerce entre la France et la Chine, traité qui était le but principal de l’ambassade, M. de Lagrenée voulut, avant de s’en retourner, essayer d’améliorer le sort des chrétiens et des missionnaires dans ces malheureuses contrées. Il n’avait pour cela reçu de son gouvernement aucune mission officielle, et il faut reconnaître que l’entreprise était délicate et hérissée de difficultés. Le représentant du gouvernement français pouvait bien réclamer contre les exécutions atroces dont plusieurs missionnaires avaient été victimes à différentes époques, et exiger qu’à l’avenir on reconduisît, sans mauvais traitements, dans un des ports libres, les Européens qui seraient arrêtés dans l’intérieur de l’empire. Les Anglais, dans leur traité de Nanking, avaient déjà consacré cette mesure si équitable. Mais réclamer de l’empereur chinois la liberté religieuse pour ses propres sujets était chose plus difficile ; car, enfin, les nations européennes préten-