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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/114

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étant admis en sa présence, puisqu’il n’était qu’un simple diminutif du Fils du Ciel. Nous tenir debout devant lui, ce serait l’insulter, lui donner très-mauvaise idée de notre éducation, l’irriter peut-être, écarter ses bonnes dispositions à notre égard, et nous attirer les effets de sa colère : d’ailleurs, ajoutait-on, bon gré mal gré, vous vous mettrez à genoux, il vous sera impossible de résister à l’ascendant de sa majesté.

Nous étions bien sûrs du contraire, et nous déclarâmes au préfet qu’il pouvait tenir pour certain que cela ne nous arriverait pas. Cependant nous ne voulions pas faire un esclandre, ni laisser croire au vice-roi que nous n’avions pas les sentiments de respect et de vénération dus à sa personne et à sa haute dignité. Nous priâmes donc le préfet du Jardin de fleurs de le prévenir que nous ne pouvions pas absolument nous tenir devant lui dans une attitude que nos mœurs n’exigeaient pas même en présence de notre souverain, que nous n’entendions nullement lui manquer de respect, et que nous l’honorerions conformément aux rites de l’Occident ; mais que nous consentirions au malheur irrémédiable d’être privés de sa présence plutôt que de céder sur ce point. On comprend que, au fond, peu nous importait de nous mettre à genoux, puisque ce n’est, en Chine, qu’une pure cérémonie de respect et de civilité. Nous tenions à rester debout parce que, après avoir fléchi le genou une fois, nous aurions été obligés de nous prosterner devant le premier caporal venu, ce qui eût été pour nous une source de calamités. Nous pensions, avec raison, que personne, au contraire, ne pourrait se dispenser de traiter avec égard et convenance des hommes