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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/206

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fait la loi des Pe-lien-kiao[1]. Mais que diriez-vous, si j’envoyais une troupe de bonzes et de lamas dans votre pays pour y prêcher leur loi ? comment les recevriez-vous ?

« Li-ma-teou (c’est le nom chinois du P. Ricci) vint à la Chine la première année de Ouan-ly[2]. Je ne toucherai point à ce que firent alors les Chinois, je n’en suis pas chargé ; mais, en ce temps-là, vous étiez en très-petit nombre, ce n’était presque rien ; vous n’aviez pas de vos gens et des églises dans toutes les provinces. Ce n’est que sous le règne de mon père qu’on a élevé partout des églises, et que votre loi s’est répandue avec rapidité ; nous le voyions et nous n’osions rien dire ; mais, si vous avez su tromper mon père, n’espérez pas me tromper de même.

« Vous voulez que tous les Chinois se fassent chrétiens, votre loi le demande, je le sais bien ; mais, en ce cas-là, que deviendrions-nous ? les sujets de vos rois ? Les chrétiens que vous faites ne reconnaissent que vous ; dans un temps de trouble, ils n’écouteraient d’autre voix que la vôtre. Je sais bien qu’actuellement il n’y a rien à craindre ; mais quand les vaisseaux viendront par mille et dix mille, alors il pourrait y avoir du désordre[3] »

D’après tout ce que nous avons pu remarquer durant notre long séjour en Chine, il est incontestable que les chrétiens sont considérés comme les créatures des gouvernements européens. Cette idée a pénétré si avant

  1. Secte du Nénuphar blanc.
  2. Avant-dernier empereur de la dynastie des Ming.
  3. Lettres édifiantes, t. III, p. 364.