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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/234

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flexibles. On inventa les contes les plus étranges, on entassa mensonge sur mensonge, pour nous prouver qu’il fallait partir. A tant d’arguments, nous n’avions que cette seule réponse : Lorsque des hommes comme nous prennent une décision, elle est irrévocable.

Enfin on vint nous annoncer qu’on avait apporté des palanquins, et on nous pria de passer dans la cour pour les examiner. Nous ne fîmes pas les difficiles ; après y avoir jeté un coup d’œil, nous dîmes : C’est bien, qu’on les achète. L’accord fut unanime sur ce point ; mais il s’éleva une nouvelle difficulté ; les mandarins se regardèrent les uns les autres et se demandèrent : Qui payera ? La discussion fut vive, et, quoique entièrement désintéressés dans la question, nous demandâmes la permission de donner notre avis. — Il est évident, dîmes-nous, que la ville de Kien-tcheou n’est pas obligée de nous fournir des palanquins. — Voilà qui est parler d’une manière conforme au droit, dirent les mandarins de Kien-tcheou. — Cela regardait l’administration de Tching-tou-fou, qui est chargée d’organiser le départ ; mais il paraît que l’acquéreur des premiers palanquins n’a pas observé les règles de l’honneur. — C’est cela, dirent les mandarins, il aura gardé pour lui une partie de l’argent qui avait été alloué. — Maintenant il faut réparer ce mal, et la chose, nous le pensons, ne saurait offrir de difficulté. Hier en naviguant sur le fleuve Bleu, nous avons fait deux journées de route. Maître Ting a touché l’argent de deux étapes et n’a eu à payer que le louage d’une barque ; il nous semble donc qu’il peut et qu’il doit fournir le prix des palanquins… Les mandarins de Kient-cheou rirent beaucoup et trouvèrent notre solution