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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/238

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opposé parce que le palais communal était inhabitable. Le préfet comprit où nous voulions en venir. Aussitôt il s’adressa aux officiers subalternes qui l’entouraient : Je suis, dit-il, du même avis que nos hôtes ; il est absolument nécessaire qu’ils se reposent un jour. Qu’on aille vite au koung-kouan, qu’on fasse immédiatement enlever les cercueils, qu’on mette tout en ordre, et qu’une autre fois on ne s’avise pas de retomber dans la même faute. Dix minutes après nous étions installés au fond de nos nouveaux palanquins, et on nous conduisait en pompe au palais communal. En partant nous avions pris à part maître Ting, et nous lui avions dit à l’oreille : Si nous ne sommes pas traités convenablement, nous resterons deux jours au lieu d’un… Étrange pays, il faut en convenir, que celui où l’on est forcé d’user de semblables moyens pour n’être pas opprimé.

C’eût été vraiment grand dommage de quitter Kien-tcheou sans voir son magnifique palais communal. Aussitôt que nous l’eûmes parcouru, il nous vint en pensée que si les mandarins avaient tant fait de difficultés pour nous y laisser entrer, c’était de peur que, séduits par sa beauté et ses agréments, nous ne voulussions plus en sortir. Après avoir traversé une vaste cour plantée de grands arbres, on monte au principal corps de logis, par une trentaine de degrés, en belle pierre de taille. Les appartements spacieux et élevés étaient d’une propreté exquise et d’une fraîcheur délicieuse ; des meubles en laque avec des dessins dorés et d’une variété infinie, des tentures en taffetas jaune ou rouge, des tapis tissés en pellicules de bambou et peints des couleurs les plus vives ; puis des bronzes antiques,