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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/275

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sécuter les chrétiens. Cet édit impérial est, sans doute, parvenu dans cette ville, et tu en as eu connaissance. — La volonté de l’empereur est comme la chaleur et la clarté du soleil, elle pénètre partout. L’édit impérial est descendu jusque dans cette pauvre ville. — C’est ce que nous avons entendu dire ; mais le peuple, qui, dans ses moments d’oisiveté, aime à répandre des paroles légères et des propos dénués de raison, prétend que, dans le tribunal de Tchang-tcheou-hien, on ne respecte pas la volonté impériale. Les langues indiscrètes vont même jusqu’à dire que trois chrétiens de Tchang-tcheou-hien ont été arrêtés depuis peu de jours et qu’ils sont encore enfermés dans la prison de ton tribunal. Que faut-il penser de ces rumeurs ? — Elles sont vaines et fausses. Le peuple de nos contrées étant enclin au mensonge, on ne doit pas ajouter foi à ses discours. Il est reconnu que les chrétiens sont des hommes vertueux ; qui donc serait assez téméraire pour les mettre en prison, surtout après que l’édit de l’empereur a été notifié ? — Il est, en effet, difficile de concevoir qu’un homme tel que toi soit capable de se laisser aller à une semblable témérité. Le sage écoute les propos de la multitude ; mais il sait discerner la vérité du mensonge. »

Après cet aphorisme nous rentrâmes dans les banalités de la conversation, au grand contentement du préfet, qui, sans doute, devait beaucoup s’applaudir intérieurement de nous avoir mystifiés. Il se retira plein de lui-même et tout glorieux de son succès, distribuant de majestueux saluts à la compagnie, et se pavanant et faisant la roue comme un coq d’Inde.

Aussitôt qu’il eut quitté le palais communal, nous